Depuis que mes enfants sont instruits en famille, nous avons testé plusieurs formes d’apprentissages. Mais ce que je trouve le plus naturel reste le unschooling ! Mon fils n’a même connu que ça. Apprendre ce que l’on veut quand on le veut, c’est un peu le rêve de tout le monde, non ? J’ai beaucoup appris au contact de mes enfants et de ceux que je croise dans les collectifs non-sco. Et ce que j’ai remarqué, c’est que ceux n’ayant jamais été à l’école ont gardé une pure curiosité qui les amène à se questionner constamment. Mais le unschooling est aussi un état d’esprit à avoir chez les parents ! Et cela prend du temps à faire confiance à nos enfants et leurs capacités. Pourtant les apprentissages spontanés sont innés chez l’être humain. Voici donc mes conseils si vous vous lancez dans l’ief et notamment le unschooling !
Offrir un environnement riche et varié
Les enfants sont de nature très curieux ! C’est ainsi que pendant leur première année de vie, ils se mettent à se déplacer puis à essayer de parler et d’explorer leur environnement. Chez les enfants instruits en famille, les apprentissages spontanés sont très courants car ils gardent cette part d’excitation à découvrir plein de choses. Pensez donc à proposer pas mal de nouveautés à vos enfants : des livres, des jeux de société, du matériel artistique et scientifique, des instruments de musique, des affichages comme une carte du monde, etc.
Vous pouvez même créer des « coins » thématiques dans votre maison. Même en étant nomade, c’est ce que je fais à chaque arrivée dans une nouvelle maison ! Je prépare toujours un coin bibliothèque, arts, jeux, espace formel avec des cahiers (où mon fils est libre d’en faire ou pas), etc. Un environnement stimulant invite les enfants à tester, chercher et explorer ce qui deviendra leurs passions. Mais il y a aussi tous les objets du quotidien à laisser à disposition, que ce soit les ustensiles de cuisine, le matériel de bricolage, de jardinage, etc. Bien sûr, avec une surveillance si les enfants sont petits !
Adopter une attitude ouverte et curieuse
Le plus difficile pour les parents est de lâcher-prise. Je le sais, j’ai mis deux bonnes années à venir au unschooling total ! Faire confiance à ses enfants, mais aussi aller à l’encontre de ce que nous avons vécu nous-même à l’école peut être perturbant au début : ici, pas de notes ni de comparaisons, pas de programme établi ni d’ordre dans les apprentissages. Nous avons parfois l’impression que nos enfants ne font « rien ». Pourtant, je peux vous assurer qu’ils sont tout le temps en train d’apprendre ! (Oui, même votre ado qui ne quitte pas son téléphone). Il faut donc, pour laisser les apprentissages spontanés se faire naturellement, garder à l’esprit qu’un être humain est constamment en recherche de réponses à ses questions.
D’ailleurs, soyez curieux aussi ! Montrez l’exemple à votre enfant en vous posant des questions à haute voix, en testant de nouvelles activités, en explorant de nouvelles thématiques qui vous intriguent, en philosophant… puis partagez vos découvertes et réflexions avec eux. Ils peuvent même participer aux recherches si cela les intéresse. La posture du parent est donc importante dans le monde des apprentissages autonomes !
Encourager les questions et chercher les réponses de suite
Accueillez les questions de vos enfants avec enthousiasme, même celles qui vous paraissent non adaptées à leur âge ou si elles se répètent au fil du temps. En mode unschooling, vous devez être assez disponible pour ne pas laisser les questions en suspens ! Eh oui, les enfants vivent dans le moment présent, bien plus que nous. Donc si vous ne répondez pas de suite à leur question, ils vont passer à autre chose et vous aurez manqué l’occasion d’explorer un sujet qui les questionne.
Au moment de la formulation de la question, prenez donc le temps de répondre en adaptant bien sûr selon l’âge de l’enfant. Et si vous ne savez pas y répondre (nous ne sommes pas des Google ambulants !), faites des recherches ensemble. Pour cela, vous pouvez consulter internet, une encyclopédie, un dictionnaire, etc. Mais surtout, faites-le dans l’immédiat ! Et peut-être que la question initiale va en amener d’autres, plus affinées… et c’est ainsi qu’au final, vous allez trouver des activités et ressources à explorer en lien avec cette première question. Et je peux vous dire que plus l’enfant est jeune, plus il va passer du temps à explorer une thématique entière… avant de passer à autre chose. Oui, c’est épuisant pour le parent en unschooling, mais qu’est-ce que c’est beau de voir son enfant apprendre par lui-même !
Laisser les enfants vivre le quotidien
Les enfants apprennent spontanément en vivant leur vie d’enfant ! Mais aussi en voulant imiter les adultes. Alors laissez-les explorer et tester des expériences de vie quotidienne. Sans le savoir, ils vont apprendre la même chose que les enfants scolarisés… mais en plus fun et de façon pratique. Par exemple :
- Cuisiner un gâteau ou une pizza (mathématiques, chimie)
- Jardiner (sciences, nature)
- Écrire une carte postale (français)
- Bricoler pour monter un meuble (technologie, mathématiques)
- Regarder une série en VO (langues étrangères)
- Faire la liste des courses (français)
- Regarder un documentaire (sciences, histoire, géographie, etc.)
- Visiter un musée ou une ferme
- Et pleins d’autres activités pratiques !
Toutes ces expériences ancrent les apprentissages dans le réel et les rendent mémorables, d’autant plus si elles sont répétées.
Suivre le rythme de chaque enfant
La curiosité et les apprentissages spontanés des enfants surviennent à des moments imprévisibles. Par exemple, mon fils, au moment de se coucher, a souvent des envies de lecture ou une question à élucider. Alors même si je suis fatiguée, je suis son rythme en l’accompagnant dans sa démarche. En unschooling, il n’y a pas d’heure pour apprendre ! Cela peut être le matin, la journée ou même le soir. Pas de weekend ni de « vacances », l’enfant est actif dans ses apprentissages tout le temps. Chaque enfant avance à son rythme et donc il se peut que les intérêts ne soient pas les mêmes d’un enfant à l’autre. Je n’ai jamais compris pourquoi 25 enfants d’une classe doivent en être exactement au même point, à apprendre ensemble la même chose au même moment ! Dans les apprentissages spontanés, certains enfants vont se diriger plus naturellement vers la lecture en premier ou bien vers les mathématiques. Ils apprennent à leur rythme, qui n’est pas celui équivalent à l’école.
Voici un exemple concret : celui de mon fils !
Mon fils de 9 ans connaît les sons de toutes les lettres de l’alphabet depuis ses 3 ou 4 ans. C’est venu spontanément et en posant des questions (j’ai choisi de lui apprendre les « sons » plutôt que le « nom » des lettres). En revanche, il a rejeté toute forme de lecture par la suite. Même si j’avais mes propres craintes de maman… je l’ai laissé explorer d’autres sujets pendant des années. Et là, depuis peu, il s’intéresse à la lecture à nouveau ! Et en quelques semaines, il est passé du décryptage de mots à la lecture de plusieurs phrases et mêmes de pages entières. Tout ça de façon naturelle, sans forçing, sans cris, ni notes, ni évaluation stressante.
Je sais très bien qu’il va « rattraper » le niveau des enfants scolarisés de son âge (mais qui a décrété qu’un enfant doit savoir lire à tel ou tel âge ? Que va-t-il se passer si un enfant apprend à lire à 13 ans ?). Et tout cela sans avoir passé des années à galérer et à faire des devoirs ou des lectures imposées qui ne lui plaisent pas. Là, il est à fond dans les BD. Il choisit ses lectures ! Je me souviens de sa sœur au même âge et scolarisée, qui n’aimait pas lire. Les lectures imposées l’avaient dégoûtée de la lecture plaisir. Elle a repris goût aux romans bien des années plus tard, quand elle était en unschooling.
Valoriser les passions (même si on ne les comprend pas)
Les enfants sont des passionnés ! Ils vont être à fond sur une thématique avant de passer à une autre. En mode unchooling, les parents doivent donc être très attentifs aux passions du moment de leurs enfants, afin de leur proposer des ressources pour explorer ce sujet. Il va donc falloir, nous les adultes, entrer dans leur univers, que ce soit les dinosaures, les jeux vidéos, les robots, les princesses, etc. Même si nous avons une aversion pour leur passion du moment ou que nous ne comprenons pas d’où vient cet intérêt !
L’important est d’appuyer cette curiosité naturelle et de montrer que les intérêts sont légitimes et valables. Selon la thématique du moment, il va donc falloir fournir plusieurs ressources pour assouvir la soif d’apprendre de l’enfant : livres, tutos, ateliers, rencontre avec des experts, vidéos, etc. N’oubliez pas d’aller dans les groupes Facebook pour poser des questions et accéder à de nouvelles idées. Sur une seule thématique, vous pouvez explorer plusieurs « matières scolaires » : français, maths, sciences, etc. Cela fera sens pour votre enfant, qui retiendra facilement les notions puisqu’il est motivé !
Partager des connaissances à plusieurs
Lorsque votre enfant s’intéresse à un domaine particulier, n’hésitez pas à chercher des personnes compétentes autour de vous, plus apte à répondre à leurs questions. Je reste persuadée que les apprentissages ne peuvent se faire qu’à plusieurs ! Chacun peut amener son expertise et son savoir et nous nous enrichissons les uns et les autres. C’est pour cela que j’aime passer du temps dans les lieux de vie collectifs. Que ce soit pour les enfants ou moi-même, nous apprenons toujours beaucoup de choses en discutant ou en faisant des activités à plusieurs !
Les ados, à un moment, préfèrent même apprendre en compagnie de personnes extérieures… et c’est bien normal (il est temps de couper le cordon). Voilà pourquoi les stages ou les petits jobs les attirent fortement. Dans tous les cas, si votre enfant veut explorer une thématique particulière, n’hésitez pas à questionner des professionnels : artisans, entrepreneurs, pompiers, astronomes amateurs, etc.
Explorer le monde extérieur
La plupart des gens qui ne connaissent pas l’instruction en famille pensent que les enfants sont tout le temps enfermés dans leur maison. Alors que c’est tout le contraire ! Ils sont bien plus souvent à l’extérieur que les enfant scolarisés. Profitez donc de cette liberté pour laisser vagabonder les enfants. Il y a tant à apprendre de la vie ! Et tant de choses à explorer :
- Une balade en forêt peut être l’occasion de parler des écosystèmes
- Une visite au marché pour découvrir les origines des aliments
- Des sorties culturelles pour nourrir son esprit et sa critique
- Des visites aux musées pour découvrir de nouvelles thématiques
- Un voyage pour découvrir de nouvelles cultures
Bref, utilisez les sorties pour explorer, mais aussi pour se défouler car les enfants ont besoin de bouger physiquement tous les jours !
Favoriser les projets personnels des enfants
Au fil du temps, les enfants vont vouloir faire plus qu’explorer ! Ils vont avoir des projets personnels à mener à bien. Et ce n’est pas toujours facile pour eux de démarrer un gros projet et surtout… de le mener jusqu’au bout. Donc peu importe le temps que cela prendra, mais encouragez-les à transformer leur idée en action. Cela peut être des projets divers et variés ! Comme par exemple :
- Construire un volcan en papier mâché
- Mettre en place un potager
- Ecrire une histoire ou créer une bande dessinée
- Gagner de l’argent
- Créer un site web
- Etc.
Aidez votre enfant à mettre en place des petites étapes, qui le mèneront à la réalisation de leur projet. Mais laissez libre cours à leurs propres idées et suggestions. Cela renforce leur autonomie et leur débrouillardise !
Initier des débats et réflexions
Il n’y a pas d’âge pour donner son opinion, mais plus l’enfant est grand, plus il sera à même de débattre. Les enfants en ief passent beaucoup de temps avec leurs parents ou d’autres personnes de tous âges. C’est l’occasion de les faire participer à nos débats et réflexions pour développer leur sens critique ! Vous pouvez discuter avec eux de sujets d’actualité, mais aussi de films, séries, romans, documentaires, etc. Prenez le temps d’écouter leur opinion et de donner une critique à tour de rôle. Ces échanges sont souvent très enrichissants !
Laisser la place aux erreurs
Les apprentissages spontanés des enfants sont semés d’erreurs, de confusion, de frustration. Et c’est tant mieux ! Car c’est en faisant des erreurs que l’on apprend aussi à se corriger. Ne vous focalisez donc pas sur les fautes des enfants mais au contraire, soyez patients et encouragez-les. Les erreurs peuvent aussi venir de nous, les adultes. Nous ne sommes pas des parents parfaits ! Il m’arrive de m’énerver après mes enfants et de perdre de vue, parfois, ce dont ils sont capables. Dans ce cas, prenez une pause. Regardez le parcours que vous avez réalisé, soufflez et discutez au moment où tout le monde s’est calmé. Plutôt que de mettre en avant le résultat, concentrez-vous sur les efforts qu’il a fallu faire pour en arriver là. Laissez vos enfants et ados prendre des décisions, même si vous savez qu’ils se trompent. Donner cette liberté leur permet d’apprendre par eux-mêmes les conséquences de leurs choix et ensuite de rectifier le tir !
Les apprentissages spontanés des enfants sont tellement naturels, surtout s’ils ne sont jamais allés à l’école. J’ai vu la différence entre mon fils et mes filles (les 2 ont été scolarisées) ! Pour les familles en ief choisissant le unschooling, je sais que ce n’est pas évident si vous êtes sédentaires… car il y a les contrôles de l’Education nationale où certains inspecteurs sont fermés à cette idée des apprentissages autonomes. Mais que vos enfants soient en mode « formel » ou scolarisés, vous pouvez tout de même adopter une attitude « unschooling » sur le reste du temps !